Quelqu’un, qui par la suite a été élu président de la République Française, a tweeté qu’il souhaitait de la France qu’elle soit Startup Nation. Vraiment ? Et pourquoi ? Pourquoi souhaitons nous opposer les startups au reste du monde ? Tordons le cou aux idées reçues en décortiquant tout ça !
Oui, mais c’est pas si simple… L’INSEE lui même indique dans son rapport du 01/12/2021 qu’il n’existe pas de définition précise de la startup. Le terrain commence à pencher. Pour réaliser ses statistiques, l’institut a alors cherché les définitions les plus populaires et en a retenu 4, rien que ça et là le terrain devient glissant.
Ces définitions, non exclusives, sont les suivantes:
Les jeunes entreprises de moins de 8 ans ;
Les entreprises de moins de 8 ans à forte croissance (appelées gazelles) : dont le chiffre d'affaire augmente de 20% par an sur les 3 dernières années et comptabilisant au moins 10 emplois ETP (équivalent temps plein) au début de la période ;
Les entreprises de moins de 8 ans qui ont levé des fonds (dont le capital social est supérieur à 200k€ mais qui était inférieur à 100k€ 3 ans auparavant) ;
Les entreprises de moins de 8 ans, innovantes : qui ont obtenu des aides de l’état (CIR ou CII ou JEI ou JEU, etc.)
Le rapport donne des statistiques en se basant sur ces définitions et c’est comme ça qu’un matin, les journaux affirment qu’il existe 1 million de startups en France ! Un mélange de cris, de larmes et de rire s’empare alors de tous les experts de l'accompagnement de startups dans tous les incubateurs de France…. Je tire le trait ok, mais on n'en est pas loin.
Considérer une jeune entreprise de moins de 8 ans comme une startup revient à dire que toutes les jeunes entreprises sont des startups.
Autant dire qu’ici, on n'est pas du tout d’accord avec cette définition loin des faits. Pour avoir une idée plus précise, rapprochons-nous de personnes plus proches de cette réalité terrain comme l’initiative French Tech, soutenue par l’Agence du Numérique. Leur définition de la startup est alors :
Jeune entreprise innovante, à la recherche d’un modèle économique, qui lui assurera une croissance très forte et très rapide, avec un développement international.
Ainsi, le rapport d’activité 2015/2016 de l’agence du numérique recense 9 400 startups en France ce qui semble plus réaliste. En d’autres termes : une startup est une jeune entreprise innovante qui vise un business plan scalable.
Scalaquoi ? Scalable est la capacité du produit à s’adapter au changement d’échelle.
Mais qu’est-ce que les échelles viennent faire là-dedans ? Une échelle de mesure, comme en mathématiques, correspond à la relation existante entre la mesure de représentation d’un objet et la mesure réelle de l’objet.
Autrement dit, une entreprise qui vise un modèle scalable (une startup donc) produit quelque chose qu’elle vendra de la même façon (avec le même ou presque coût) à un client comme à 1 000 clients. Et lorsqu’elle atteint son business plan scalable, on l’appelle scale-up !
Des exemples pour illustrer tout ça :
Google est en mesure de générer des millions de dollars de revenus grâce à Google Ads alors que celui-ci ne lui coûte que quelques dollars en ressources informatiques pour les produire.
Uber est capable de passer à des millions de courses supplémentaires tandis que les modèles traditionnels impliquent du matériel et du temps humain qui ne permettent pas d’effet d’échelle entre les revenus et les coûts associés pour les produire.
Une startup est donc une scale-up en devenir c’est pourquoi les fonds d’investissement sont très friands de l’actualité de ces pépites. Car au départ, elles n’ont rien ou presque et qu’il leur faut de la trésorerie pour payer l’investissement de départ. Leur fort potentiel de croissance rapide attire donc les investisseurs pour réaliser des profits. Pour autant, si elle ne lève pas de fonds c’est qu’elle n’en a juste pas besoin. La levée de fond n’est pas un indicateur définissant une startup. Il le devient lorsqu’on parle de licornes mais ça c’est encore un autre sujet.
Exactement, au sens de la définition d’une startup (à la recherche d’un business plan scalable). Toutefois, une startup est bien une PME au sens fiscal…
Rappelons qu’une PME (au sens communautaire) est une société qui emploie moins de 250 salariés et qui satisfait au moins une des deux conditions suivantes : réaliser un chiffre d’affaires inférieur à 50M€ ou totaliser un bilan inférieur à 43M€.
Pourquoi opposer les chocolatines aux pains au chocolat ?
Parce qu’en vrai ce sont les mêmes ingrédients que l’on utilise…
En effet, pour débuter son activité une société va prendre des risques financiers à la hauteur de ses moyens. Par exemple, un électricien fera classiquement un emprunt pour acheter la matière première de son premier chantier qui lui rapportera un pécule pour son deuxième chantier etc.
Une startup, pour concevoir son produit, pourra également réaliser un emprunt mais le risque associé à la réussite de son projet est bien plus incertaine. C’est pourquoi les startups ont bien souvent recours au capital-risque. L’autre recours consiste à réaliser une croissance organique. Dans cette dernière configuration, le projet ne doit pas nécessiter de beaucoup d’investissement mais beaucoup de temps et d’engagement.
D'autre part, la relation de dépendance entre le coût du produit (en temps humain et en matériel) est quasi nulle pour une scale-up (la startup en devenir) alors que ce n'est pas le cas pour une société au modèle traditionnel.
Mais ce n'est pas tout, je dirais que ce qui fait aussi la différence est la culture startup : façonnée par toutes les expériences de startupers. Sam Altam, le dirigeant du Y Combinator (célèbre incubateur de startups dans la Silicon Valley) en a même fait un manifeste que tout startuper connaît pour survivre à cette jungle.
Sans sourciller : PME Nation.
Car, si on suit le raisonnement :
une startup est une PME
les PME sont 4,1 millions en France (loin des 9 400 recensées)
les PME emploient 6,4 millions de salariés soit 43% de la valeur ajoutée en France
ce sont les PME qui innovent en France, mais ça c’est le sujet de mon prochain article 😉